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Association Tafita - Soledam

Enquêtes familiales : Juliame témoigne

Comme tous les ans, nous procédons, avant le début de l'année scolaire, à des "enquêtes" familiales, afin de nous assurer que les élèves que nous accompagnons soient effectivement issus de familles en grande difficulté. Cette année encore, pour la huitième année, Juliame s'est attelé à la tâche, et ce qu'il observe et ce qu'il entend vient corroborer ce que tout le monde peut constater aujourd'hui : la vie, pour l'immense majorité des Malgaches, devient de plus en plus difficile. Toujours le même constat : une infime fraction de la population qui s'enrichit et vit aux dépens du plus grand nombre, qui s'appauvrit encore et encore. Juliame témoigne :

La plupart des parents que je rencontre, n'ont pas de travail stable, et cherchent à s'employer comme "journaliers". Les jours où il n'y a pas de travail, la famille ne mange qu'une ou deux fois, voire ne mange pas. Beaucoup de familles sont monoparentales, la mère reste seule avec trois ou quatre enfants. Souvent, l'aîné arrête l'école pour travailler et aider sa mère.

Il faut dire aussi qu'à Madagascar, les (fréquemment) nombreux enfants d'une famille, sont une ressource pour les parents, lorsque ceux-ci deviennent trop âgés. La plupart des Malgaches n'a pas accès à la protection sociale ni à une pension de retraite, et les enfants assurent la subsistance des parents âgés.

Quelques élèves, parmi ceux qui feront leur rentrée à l'école primaire Tafita, pour cette année scolaire 2023 / 2024, ont été déscolarisés l'an dernier, faute d'un minimum de moyens financiers pour les parents.

Par exemple, j'ai rencontré une famille dans laquelle ce sont les grands-parents qui nourrissent leurs trois petits-enfants, la mère étant décédée, et le père ayant pris le large.

Dans une autre famille, la mère, malade, en charge de trois enfants, ne peut pas travailler. Le père est décédé, et l'aîné, dix-sept ans, a quitté le collège avant de passer son BEPC, pour tenter d'assurer la subsistance de la famille.

Ailleurs, une mère de famille a laissé ses deux enfants à la garde des grands-parents, pour partir à Tananarive, travailler comme "bonne à tout faire" chez des particuliers.

Ici, à Ampefy, les mères de famille cherchent des petits boulots quotidiens ou précaires (saisonnalité), très mal payés : lessiveuse, femme de chambre, femme de ménage, petite vente ambulante, travaux agricoles, repiquage du riz dans les rizières (quand c'est la saison), etc. Pour les hommes, ce sont aussi les travaux agricoles, les activités de docker (manutentionnaire à la tâche), des travaux ponctuels de peinture ou maçonnerie, le lessivage des véhicules...

Je rencontre aussi beaucoup de familles où les parents ne savent ni lire ni écrire, et sont donc dans l'incapacité, entre autres, de soutenir leurs enfants dans leur scolarité.

Tout cela est bien triste.

 

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